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[ Wikidébrouillard ] Question pour une (re)mediation scientifique. Suite du texte

Question pour une (re)mediation scientifique. Suite du texte

De Wikidebrouillard.

Homo sapiens, un singe comme les autres ? Question pour une (re)médiation scientifique

Quelle que soit la réponse qu'on lui apporte, voilà une question qui fait recette (dans tous les sens du terme). Qui d'entre nous n'a pas fait les frais (bis) d'un livre ou d'une revue rassemblant les contributions de compétences diverses réunies dans un effort de vulgarisation sur le sujet ? Nous y avons sans doute appris beaucoup sur l'application de la cladistique, sur les observations accumulées depuis des dizaines d'années par Jane Goodall et ses successeurs, comme sur les ingénieuses expérimentations des psychologues comparatistes, évolutionnistes, cognitivistes,... Mais qu'avons nous appris sur la science et son fonctionnement ? Enfin sur la vulgarisation et la médiation scientifiques ? C'est ce que l'examen de cette question peut aussi nous révéler. Un singe comme les autres ? La question, toute simple, doit pourtant s'entendre de deux façons distinctes: Tout d'abord (i) notre espèce fait-elle partie de l'évolution biologique, au même titre que les autres singes ? Ensuite (ii) notre espèce possède-t-elle des caractéristiques particulières ? Un "propre de l'homme" existe-t-il ? Ou encore qu'est-ce que l'humain ?

(i) D'où venons nous ? Ce premier aspect ne fait plus discussion depuis bien longtemps. Tout au plus les plus récentes opérations de séquençage de génomes de singes anthropoïdes (dont le "nôtre", donc) ont-elles confirmé les distances entre ces espèces et précisé les dates de leur séparation de leurs ancêtres communs. Cinq à sept millions d'années entre les chimpanzés et les espèces du genre Homo. Davantage avec les gorilles, ce qui fait des chimpanzés les "cousins" évolutifs vivants les plus proches de notre espèce. Bien sûr ces séquençages entrainent de nouvelles interrogations sur la fonction de ces "différences / ressemblances" génétiques mais là n'est pas la question quand il s'agit d'étudier la distance entre espèces. Ici le génome n'est qu'un simple marqueur et seule la nature et la succession des nucléotides des ADN comparés sont utiles, non leur fonction . L'arborescence, ou cladogramme, des relations entre les espèces de la famille des Hominidae ainsi établie n'est pas discutée car en accord avec les informations, notamment anatomiques, fournies par les autres disciplines. Elle est aujourd'hui universellement admise (à l'exception de certains religieux, comme on sait). Même s'ils ne peuvent dessiner un cladogramme précis, à cause des informations fragmentaires fournies par les fossiles, les paléontologues décrivent une "radiation humaine", postérieure à la bifurcation "chimpanzés-hommes", incluant de nombreuses espèces pré-humaines (australopithèques, ...) et au moins cinq espèces d'Homo différentes. De ce buisson évolutif, Homo sapiens reste la seule espèce vivante. Ainsi du point de vue biologique nous ne descendons pas du singe mais nous sommes une espèce de singe. Les découvertes à venir affineront sans doute cette représentation globale mais sans la changer fondamentalement. Ce volet évolutionniste qui répond à la question "d'où venons nous ?" est le plus souvent abordé dans le cadre théorique d'un darwinisme continuiste standard, mais discuté depuis assez longtemps pour ne plus être abordé de manière dogmatique . A ce "détail" près notre origine ne fait plus problème pour les scientifiques d'aujourd'hui: nous somme bien des animaux, des mammifères et des singes et nous pouvons introduire cette vérité scientifique dans nos manuels de SVT.

(ii) Que sommes nous ? Si les évolutionnistes répondent de manière unanime à la question "D'où venons nous ?", qu'en est-il de la question "Que sommes nous ?" qui aborde l'unicité de notre espèce. Le propre de l'homme existe-t-il ? Ou bien sommes nous, simplement, "un singe comme les autres" ? Depuis plusieurs dizaines d'années les éthologistes et les psychologues ont accumulé une somme considérable d'observations sur le comportement des animaux, des primates et des grands singes notamment. La proximité évolutive de ces derniers avec notre espèce est une incitation permanente à la comparaison et les chercheurs ne se sont pas privés, depuis le "rire" (premier propre de l'homme "retrouvé" chez le chimpanzé par Jan Van Hoof), l'utilisation d'outils, la communication, puis la conscience, jusqu'à "la théorie de l'esprit" et, enfin, la morale et la culture .

L'apport essentiel de cet effort est la reconnaissance confirmée des émotions et la découverte d'aptitudes cognitives importantes chez de nombreux animaux autres qu' Homo sapiens et, parmi eux, les grands singes . Mais à analyser cette situation de plus près il s'avère que pour chaque "caractère" étudié les performances animales sont différentes et évoquent plus qu'elles ne se superposent aux performances humaines: outils pas ou peu façonnés, utilisation pauvre (sans syntaxe notamment) des signes appris, reconnaissance de son image (voire simple utilisation du miroir) plus que conscience de soi, manifestations de représentations et d'intentions (voire simples associations) plutôt que conscience de la pensée de l'autre, "traditions" plus que culture "cumulative" (voir plus bas). Certains auteurs (Frans de Waal, Pascal Picq, ...), ne s'arrêtent pas à ces différences. Ils n'hésitent pas à diffuser dans leurs livres et leurs conférences pour le grand public, l'idée d'une économie, d'une morale, d'une politique, d'une culture chez les grands singes, sans considérer l'objection que "cela revient à réduire la culture à la transmission de comportements acquis, la politique à des jeux de pouvoir, la morale à l'empathie et l'économie à la réciprocité" . D'autres, Henri Atlan, Alain Prochiantz, ... qui abordent les êtres vivants comme des "systèmes complexes" s'interrogent plutôt sur les liens et dépendances qui peuvent exister entre les formes humaines de ces "caractères": langage, conscience de soi, de la pensée de l'autre, culture,... "Ainsi, sans anthropocentrisme et sans voir un sens imposé à la vie humaine, qui viendrait d'une Nature intentionnelle ou d'un Dieu nous ayant créés dans un but bien déterminé, nous ne pouvons pas ignorer que l'espèce humaine a évolué avec des dimensions sociales, linguistiques, culturelles, morales et juridiques qui n'existent pas dans la vie d'autres espèces. Il semble bien, en particulier, que les capacités de mémoire du gros cerveau humain, avec celles d'imagination qui en sont le corollaire, soient à l'origine d'un fonctionnement psychique d'une richesse - c'est à dire d'une complexité - que l'on n'observe pas ailleurs et qui permet de s'exprimer dans la multiplicité de ces dimensions. Ce sont des dimensions spécifiques propres à l'espèce humaine,..." écrit Henri Atlan . La découverte récente d'un foyer aménagé datant de plus d'un million d'années, impliquerait que cette invention qu'est la maîtrise du feu ne peut être l'oeuvre d' Homo sapiens mais plutôt d' Homo erectus. Si les conséquences de la conquête du feu sont celles que certains ont déjà imaginé on aurait là un témoignage important "d'une évolution biologique accomplie dans le contexte de l'évolution culturelle". Ceci permettrait de concevoir des hypothèses sur la manière dont divers traits caractéristiques d' Homo sapiens (notre "excédent de cerveau" ou notre si longue ontogenèse) pourraient être associés à l'émergence du propre de l'homme. L'"anature" de l'homme (notre "coupure" d'avec la nature par notre culture) proposée par Alain Prochiantz ou encore "comment l'homme s'est exclu de la nature ?" pour Elisabeth de Fontenay, sont deux manières d'envisager comment les structures nerveuses, les compétences qu'elles révèlent et la culture qu'elles permettent sont aussi associées à l'évolution biologique. Aussi cette perspective constitue-t-elle un vaste programme de recherche. Alors que nous savons "d'où nous venons" nous sommes encore en train de nous interroger en quoi nous sommes (ou pas) différents des autres grands singes. Bruno Latour dirait que la question de nos origines appartient à la "science faite", qui n'est plus discutée, alors que la qualification de notre "humanité" reste du domaine de la recherche, c'est à dire de la "science en train de se faire" celle qui, justement, fait débat. Bien sûr tout le monde (ou à peu près) constate que c'est nous qui questionnons les grands singes et non l'inverse, mais les réponses que nous donnons à ce constat sont encore trop diverses, sans liens et même opposées: des généticiens cherchent toujours s'il existe des gènes, ou associations de gènes, spécifiquement liés au langage humain, des neuro-biologistes remarquent la durée exceptionnelle du développement de notre cerveau et l'abordent comme un système complexe susceptible d' émergences et de propriétés nouvelles, des psychologues et éthologistes comparent nos manières de résoudre des problèmes d'ordre cognitif avec celles des autres espèces (voir plus bas), d'autres étudient l'origine du langage humain (JV), les linguistes soulignent la spécificité de ce langage (JMV). Et la vulgarisation scientifique s'attache, successivement, à la promotion de chaque thèse plus qu'à la présentation de la situation et à son analyse.

(iii) (Re)Médiation scientifique. 
La différence que Bruno Latour nous a appris à faire entre "science faite" et "science en train de se faire" devrait pourtant avoir des conséquences  en matière de médiation et d'éducation  scientifique. En effet on ne peut pas aborder un fait scientifique établi (c'est à dire dépouillé des  principaux enjeux, psychologiques, sociologiques, idéologiques, que ses "fabricants" avaient pu y associer), comme on aborde un sujet de recherche active où tous ces enjeux sont présents et pèsent encore.   

Que cela plaise ou non (aux créationnistes par exemple) notre espèce Homo sapiens fait partie de l'évolution biologique et nous sommes des animaux. Au plan scientifique reposer la question n'a plus de sens. Mais aussi, que cela plaise ou non à certains évolutionnistes, le propre de notre espèce est, aujourd'hui comme jamais, l'objet de recherches multiples, avec des résultats et des interprétations diverses qui ne sont pas encore intégrées dans un ensemble cohérent et organisé. Annoncer frontalement la fin du propre de l'homme permet à coup sûr de faire polémique mais permet tout aussi certainement de perdre de vue les constructions théoriques autres que les projets de réduction de notre espèce à sa biologie et la "sociobiologique" ont suscité depuis les années 1970. Lorsqu'il "réaffirme(r) une fois de plus que les éthologues n'ont pas inventé leurs observations pour contrarier les philosophes, leur seul objectif étant l'avancée des connaissances" , Pascal Picq "oublie" que c'est sans doute la même volonté de faire avancer les connaissances qui suscite la théorisation "des travaux convergents de la biologie, de la psychologie expérimentale, de la neuro-physiologie et de l'éthologie cognitive" par ces philosophes . Lui-même (re)connait assez la particularité du langage humain pour pouvoir imaginer que les études des linguistes ou des philosophes ne sont pas menées pour contrarier les biologistes ou les paléontologues ! En fait oublier de citer certains travaux ou en renvoyer d'autres à une "définition philosophique de l'homme" sans autre forme de procès, font d'avantage penser à certain épisode passé de "la guerre des sciences" qu'à une présentation critique mais plus sereine de la situation .

Bien entendu sur le "front de la recherche" toute question posée peut donner matière à discussion et controverse. Les approches différentes, les résultats qu'elles produisent et les interprétations de ces derniers en sont la matière première. Chaque expérimentation nouvelle y participe. Et sans elle la science n'avancerait pas. Au plan de la médiation scientifique et, encore une fois, quand il s'agit d'essayer de comprendre la "science en train de se faire", c'est cette imparable controverse et ses enjeux qu'il est utile de présenter. Faute de quoi on en reste à une pratique de communication, plus proche de la promotion, voire de la propagande, d'un seul point de vue; on en reste à l'oubli ou, pire, à la disqualification des collègues porteurs d'idées et théories différentes. Examiner les controverses, les hypothèses et les résultats qui animent ce front de recherche c'est, au contraire, repérer les lignes de force qui participent à sa restructuration et sa redéfinition incessante. Depuis les années 1970 Jan Van Hooff a étudié le rire (et le sourire) et son évolution. Beaucoup voient dans ses études une réfutation du vieil adage selon lequel "le rire est le propre de l'homme" (ce que Van Hooff lui-même ne fait pas exactement lorsqu'il note que "finalement seul le rire humain n'est pas toujours drôle"). Plus généralement sa démarche implique la reconnaissance des émotions chez les non humains et, conformément à l'approche éthologique classique, considère leurs expressions comme des universaux spécifiques (c'est à dire, chez notre espèce, indépendants de la culture). Or une équipe internationale de psychologues et neurobiologistes vient justement de montrer que l'expression faciale de nos émotions varie selon nos cultures. Si le rire pas le propre de l'homme, le propre de l'homme (la culture ?) serait présent dans notre rire . Ainsi les résultats modifient l'énoncé même de la question étudiée, ... Et les énoncés ne manquent pas pour désigner le propre de l'homme ! Comme on l'a vu plus haut, rire, outil, langage, conscience, théorie de l'esprit, morale, culture, sont disponibles; prêts à "s'entrechoquer" et jouer chacun pour soi, mais aussi prêts à "collaborer". Par exemple, voir la "théorie de l'esprit" comme condition de la construction de la morale comme le propose Boris Cyrulnik peut participer à une nouvelle définition du propre de l'homme plus "intégrée" qui permettrait de renoncer à des définitions plus (trop ?) simples, comme le rire, voire même l'outil, considérés isolément ? Peut-être est-ce un autre exemple de ce type, qui vient d'être publié à propos de la notion de culture ? Chez Homo sapiens le savoir faire des individus s'additionnerait notamment grâce au langage (les auteurs parlent alors de "culture cumulative") ce qui permettrait à de jeunes enfants de résoudre fréquemment des problèmes là ou des chimpanzés et des singes capucins échouent . Une telle caractéristique (présente dans les techniques puis dans les sciences !) pourrait rendre compte de la divergence entre culture humaine et traditions animales, comme d'autres auteurs le suggèrent déjà , et sortir ainsi de plusieurs décennies d'amalgames très clairement abusifs . Même si les auteurs de cette étude n'abordent que les performances des trois espèces confrontées au même dispositif, ils indiquent comment les enfants coopèrent spontanément, notamment en parlant, au cours de l'épreuve. Ce résultat ramène donc notre attention sur les compétences comme l'attention conjointe et, naturellement, le langage qui apparait au coeur de la question de l'originalité de notre espèce et qui, tout à la fois, permet la culture (mythes, croyances,...) et marque l'influence de celle-ci sur nos comportements. C'est dire toute l'importance que revêt en elle même la question de l'évolution du langage. Nous ne pouvons feindre d'ignorer les hypothèses comme celle de l'origine gestuelle du langage qui permettront, un jour, de raconter dans les manuels scolaires, à la fois notre ancrage dans l'animalité et notre "anature". Il serait vain d'essayer de défendre cette perspective ici mais il est important de noter qu'elle ne pourra sans doute être atteinte sans la participation et l'accord, largement à construire, entre les disciplines allant de la biologie évolutive aux sciences humaines en passant entre autres par la neurobiologie. Le dernier livre de Michel Morange ne dit rien d'autre 2. A force de discussions, de nouvelles hypothèses, de nouvelles observations et expériences, de nouveaux résultats sont sans cesse produits, qu'il faut bien intégrer et qui changent la donne. Non par compromis, la science n'est pas démocratique , mais par cette forme d'entrainement et de ralliement qu'un fait nouveau, "un évènement de raison" aurait dit Bachelard, opère autour de lui. La (re)médiation scientifique qui découle de tout ceci est celle du passage de la communication scientifique, promotionnelle, partielle et partiale, à une description plus complète sur la manière dont fonctionne la recherche, sur ses luttes, plus ou moins "scientifiques", sur ses incertitudes comme sur ses "réussites" , sur ses prétentions (penser aux annonces déçues) comme sur ses apports réels. Au plan pratique, comme j'essaie de le faire ici, il s'agit d'utiliser les ressources (notes, conférences, projets de recherche, blogs) que les chercheurs, critiques, médiateurs et autres passeurs de sciences d'aujourd'hui, mettent directement à notre disposition sur le net. Et la question du "propre de l'homme", choisie comme exemple et qui, comme toute question "ouverte ", sera discutée aussi longtemps qu'on aura pas compris comment il a émergé ? Darwin a écrit " Je n’admettrai jamais que l’homme, sous prétexte qu’il y a un abîme entre lui et les animaux, a une origine différente" . Plus de cent ans après, cette origine commune est acceptée de tous. Reste l'abîme. On peut bien sûr le nier, ou l'escamoter en s'appuyant sur un continuisme et un biologisme étroits. Mais on peut aussi l'affronter, quitte à accepter l'idée que la théorie de l'évolution peut être améliorée, quitte à prendre en considération les approches nouvelles de la biologie (théorie des systèmes complexes, auto-organisation, ...), ou des sciences humaines (naturalisation de l'esprit) quitte, enfin, à considérer les possibilités d'une inter ou trans disciplinarité entre sciences "dures" et les sciences ... humaines.

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