Jean-Marc Levy-Leblond étudie depuis longtemps les rapports entre culture, science et technique.
Sa dernière conférence sur ce thème (http://imaginaires.telecom-paristech.fr/2011/05/30/jean-marc-levy-leblond-invite-des-jeudis-de-limaginaire-le-23-octobre-2011/ ), vient d'être utilement publiée sur papier (2013).
Dans cette étude il montre comment les relations entre ces trois "termes" n'ont cessé d'évoluer depuis l'apparition tardive de la science au XVIIème siècle. Très longue antériorité de la technique sur la science. La fondation de la science est une théorisation des techniques existantes (Galilée et la mécanique). Cette fondation marque le premier "croisement" important entre technique et science, mais les deux termes restent largement indépendants dans de nombreux domaines.
Ce n'est qu'à partir du XIXème siècle que la science fournit le cadre utile à la fondation de nouvelles techniques. Dans ce "deuxième croisement" c'est la science qui inspire surtout la technique et c'est sur ce nouveau rapport que s'établissent les notions de sciences fondamentales et sciences appliquées.
Très vite cependant les besoins politiques et économiques pèsent sur ce "dialogue" et la recherche est de plus en plus largement "dirigée par l'aval" c'est à dire par les applications possibles de la science: la technoscience actuelle désigne les thématiques prioritaires et aussi le mode de travail (contrats de courte durée par exemple) des scientifiques.
Cette situation actuelle de la science (divorce d'avec la culture et pilotage par la technique dans ce qu'il est convenu de nommer la technoscience), de plus en plus discutée au sein de la communauté scientifique, est dangereuse.
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