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Les déclarations récentes d'Elisabeth Badinter à propos des conduites maternantes chez les femmes a suscité de nombreuses réactions, souvent négatives, et une primatologue, Sarah Hrdy, auteur d'une somme sur ce qu'il est convenu d'appeler "les instincts maternels", a même été convoquée pour dire ce qu'elle en pensait. | Les déclarations récentes d'Elisabeth Badinter à propos des conduites maternantes chez les femmes a suscité de nombreuses réactions, souvent négatives, et une primatologue, Sarah Hrdy, auteur d'une somme sur ce qu'il est convenu d'appeler "les instincts maternels", a même été convoquée pour dire ce qu'elle en pensait. | ||
- | La présentation de cette discussion à distance reprend comme titre l'affirmation de S. Hrdy: "Le comportement maternel a une | + | La présentation de cette discussion à distance reprend comme titre l'affirmation de S. Hrdy: "Le comportement maternel a une base biologique" (Bibliobs) tandis que l'interview d'E.Badinter dans le "Nouvel Obs" est introduite sous le titre "La femme n'est pas un chimpanzé". |
"Discussion" bien mal partie ? On pourrait le craindre et les réactions de nombreux lecteurs, sans doute inattentifs, laissent à penser que certains semblent bien être tombés dans le panneau de la sempiternelle opposition "nature-culture" qui commence par celle de "l'inné-acquis". | "Discussion" bien mal partie ? On pourrait le craindre et les réactions de nombreux lecteurs, sans doute inattentifs, laissent à penser que certains semblent bien être tombés dans le panneau de la sempiternelle opposition "nature-culture" qui commence par celle de "l'inné-acquis". | ||
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Enfin, "Dans mon pays, je m'inquiète beaucoup du devenir de la révolution féministe, tout comme Elisabeth Badinter le fait elle-même. Mais ma plus grande peur est que, en tant que société, nous perdions l'art d'élever des enfants, et avec lui beaucoup de qualités humaines comme l'empathie, la conscience, le soin aux autres qui se développent au cours du maternage de l'enfant..." | Enfin, "Dans mon pays, je m'inquiète beaucoup du devenir de la révolution féministe, tout comme Elisabeth Badinter le fait elle-même. Mais ma plus grande peur est que, en tant que société, nous perdions l'art d'élever des enfants, et avec lui beaucoup de qualités humaines comme l'empathie, la conscience, le soin aux autres qui se développent au cours du maternage de l'enfant..." | ||
- | Et puisque S.Hrdy parle de "l'art d'élever les enfants", peut-on reprocher à E.Badinter de préférer parler de "vocation maternelle", du moins tant que celle-ci n'est pas vue comme inscrite dans les gènes de nos maman | + | Et puisque S.Hrdy parle de "l'art d'élever les enfants", peut-on reprocher à E.Badinter de préférer parler de "vocation maternelle", ... du moins tant que celle-ci n'est pas vue comme inscrite dans les gènes de nos maman. |
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Les critiques de Badinter, sa conviction qu'il existe un dogme déterministe et biologique bien trop simpliste m'a aidé à clarifier ma propre pensée. De ce point de vue, nous pouvons apprendre l'une de l'autre. Une grande partie du problème vient de la façon dont le terme "instinct maternel" a été utilisé. | Les critiques de Badinter, sa conviction qu'il existe un dogme déterministe et biologique bien trop simpliste m'a aidé à clarifier ma propre pensée. De ce point de vue, nous pouvons apprendre l'une de l'autre. Une grande partie du problème vient de la façon dont le terme "instinct maternel" a été utilisé. | ||
Allez, j'avoue, ce paragraphe, n'est pas de moi, et c'est encore une citation de S.Hrdy. | Allez, j'avoue, ce paragraphe, n'est pas de moi, et c'est encore une citation de S.Hrdy. | ||
Finalement ces deux féministes ne devraient-elles pas échanger plus souvent ? | Finalement ces deux féministes ne devraient-elles pas échanger plus souvent ? |
Sommaire |
Chercheur CNRS honoraire, Ethologiste et Evolutionniste, j'ai terminé ma carrière comme:
Les déclarations récentes d'Elisabeth Badinter à propos des conduites maternantes chez les femmes a suscité de nombreuses réactions, souvent négatives, et une primatologue, Sarah Hrdy, auteur d'une somme sur ce qu'il est convenu d'appeler "les instincts maternels", a même été convoquée pour dire ce qu'elle en pensait.
La présentation de cette discussion à distance reprend comme titre l'affirmation de S. Hrdy: "Le comportement maternel a une base biologique" (Bibliobs) tandis que l'interview d'E.Badinter dans le "Nouvel Obs" est introduite sous le titre "La femme n'est pas un chimpanzé".
"Discussion" bien mal partie ? On pourrait le craindre et les réactions de nombreux lecteurs, sans doute inattentifs, laissent à penser que certains semblent bien être tombés dans le panneau de la sempiternelle opposition "nature-culture" qui commence par celle de "l'inné-acquis".
L'INSTINCT: Ce terme présente la difficulté d'être employé par tout le monde et dans des acceptions très différentes. En éthologie (étude du comportement animal) même il a été longtemps utilisé pour désigner les comportements dont on pensait qu'ils étaient strictement déterminés génétiquement (Lorenz) jusqu'à ce que l'on s'avise de poser la question de savoir comment "how an instinct is learned" (XXX). Dire d'un instinct qu'il existe ou pas, dépend tout d'abord de l'idée que l'on s'en fait ! S.Hrdy, qu'on se rassure, prend bien la précaution de souligner la complexité des comportements dits "instinctifs". Et si elle souligne que le comportement maternel a des bases biologiques c'est pour mieux insister sur ses autres déterminants. Toutes choses que pas mal de gens comprennent aujourd'hui,...
L'HUMAIN: Après l'année consacrée à Darwin et à sa théorie de l'évolution biologique, bien peu de personnes ignorent qu'"Homo sapiens" est une espèce de mammifère (dont la lactation est une des caractéristiques), un primate (c'est à dire un singe) dont la parenté évolutive avec le chimpanzé semble définitivement établie. E. Badinter ignore-telle, ou nie-t-elle cela lorsqu'elle dit "La femme n'est pas un chimpanzé"? Ou, plutôt, ne veut-elle dire que la femme n'est pas seulement un chimpanzé, ou encore un singe très particulier ? L'affinité évolutive de deux espèces, aussi grande soit-elle, ne garantie pas leur continuité comportementale. Le langage, la culture, la morale humaines ne transforment-t-elles pas nos comportements "à base biologique" ? Et si, avant même sa naissance les parents du jeune humain lui choisisse un nom, dira-t-on pour autant que son prénom est inné ?
Voici deux citations tirées de la "réponse" de S. Hrdy à E. Badinter. Tout d'abord, "Les comportements complexes comme le maternage ne sont jamais totalement prédéterminés génétiquement ni produits par le seul environnement." Où voyez vous là que Hrdy réfute l'hypothèse de le "mère socialement construite", sur une base biologique bien entendu ?
Enfin, "Dans mon pays, je m'inquiète beaucoup du devenir de la révolution féministe, tout comme Elisabeth Badinter le fait elle-même. Mais ma plus grande peur est que, en tant que société, nous perdions l'art d'élever des enfants, et avec lui beaucoup de qualités humaines comme l'empathie, la conscience, le soin aux autres qui se développent au cours du maternage de l'enfant..." Et puisque S.Hrdy parle de "l'art d'élever les enfants", peut-on reprocher à E.Badinter de préférer parler de "vocation maternelle", ... du moins tant que celle-ci n'est pas vue comme inscrite dans les gènes de nos maman.
Les critiques de Badinter, sa conviction qu'il existe un dogme déterministe et biologique bien trop simpliste m'a aidé à clarifier ma propre pensée. De ce point de vue, nous pouvons apprendre l'une de l'autre. Une grande partie du problème vient de la façon dont le terme "instinct maternel" a été utilisé.
Allez, j'avoue, ce paragraphe, n'est pas de moi, et c'est encore une citation de S.Hrdy.
Finalement ces deux féministes ne devraient-elles pas échanger plus souvent ?
© Graphisme : Les Petits Débrouillards Grand Ouest (Patrice Guinche - Jessica Romero) | Développement web : Libre Informatique